Tignes a été noyé en 1952. Au nom de l'avenir
de la France et de son développement industriel, on a rayé
de la carte un village de cinq cents habitants. Jusqu'au bout, ces montagnards
ont refusé de croire que le barrage qui se construisait au fond
de leur vallée allait signer l'arrêt de mort de leur communauté.
On les a pourtant expulsés de leur terre, on a exhumé leurs
morts, on a dynamité leurs maisons et leur église. Les familles
ont éclaté pour rejoindre la vallée de la Tarentaise,
Paris ou la station de ski naissant du lac de Tignes. Une immense étendue
d'eau recouvre désormais leur passé.
Reste dans la mémoire de ce vieux Tignard le souvenir, intact, de son village de paysans, de cette existence rythmée par les traditions religieuses, de ces alpages où il menait paître les bêtes pendant les mois d'été, de ces longs hivers enneigés durant lesquels on écoutait, à la veillée, les anciens raconter la vie d'antan. José Reymond est né le 18avril1919. Berger, il.se destine d'abord à la prêtrise. La guerre, puis le drame de Tignes décideront autrement de son destin. |
Le barrage de Tignes
Le barrage de tignes est vidé tous les 10 ans pour vérification et maintenance. Il a été vidé en avril 2000, comme on peut le deviner sur cette photo :
Nous sommes ici au fond du barrage, qui pour la circonstance est à sec, dévoilant un sol gris, vaseux, qui séche et craquêle petit à petit au soleil. La neige tente de masquer pour quelques temps encore cette surface malodorante. L'ambiance est pathétique. Les pas laissent des traces sur ce sol mou.
Sous ces tonnes de vase, des hommes avaient construit des bâtisses en pierres, destinées à résister aux siècles.
L'accès au village se faisait par ce pont, au dessus de l'Isère. Lui aussi est submergé par l'eau du barrage, mais reste le vestige le plus intact.